" Il s'est dit : Dresser un cheval, c'est être maître de toutes ses forces, et avoir triomphé précédemment des
différentes résistances qu'il oppose. Ce principe le conduisait tout naturellement à cette question savante :
Comment l'animal résiste-t-il à l'effet de nos forces ? Le jour où il a trouvé l'énigme en disant : Le cheval résiste par
l'encolure, sa route était tracée; ...
Le cheval résiste, s'est-il dit, par l'emploi d'une force qui amène la position avec laquelle il opère ce mouvement de
résistance.
Le mouvement est donc soumis à la position, et celle-ci à la force, sans laquelle ces deux effets ne peuvent
se produire. C'est donc à s'emparer des forces du cheval que doivent tendre les puissances du cavalier. Dès qu'il en sera le maître,
il exercera un empire absolu sur la masse, car il fera naître et dirigera les mouvements. Ce
principe reconnu, il fallait l'appliquer. ...
Donnant au centre de gravité une position telle que le poids du corps soit également réparti sur les quatre
extrémités, Baucher obtient un équilibre parfait qui permet à ses chevaux d'exécuter rapidement et sans efforts toute espèce
de mouvement.
Le mérite de la méthode dont nous parlons, c'est d'obtenir ce résultat, non-seulement sur des
animaux bien conformés, mais sur les constructions les plus vicieuses; ....
Le travail de Baucher consistait donc à s'emparer des forces du cheval; et, comme il avait découvert que toutes
les résistances, quelle qu'en soit l'origine, se manifestent d'abord par une contraction de
l'encolure, il commença par assouplir cette partie importante. Maître de ses mouvements et de ceux de la tête, il lui
restait à profiter de leur assouplissement pour dominer toutes les autres parties du corps, et rendre ainsi les allures faciles et
régulieres.
Mais le cheval dressé n'est pas seulement celui qui marche, trotte et galope à volonté; c'est
encore, et surtout, celui sur lequel on opère les flux et reflux de poids avec une grande facilité : ..., il fallait
un travail spécial : Baucher l'a trouvé dans le reculer.
On comprend qu'il a dû, seulement alors, se trouver en face de cette vérité profonde, ... : Il n'y a point de
bouches dures, sourdes ou égarées; il n'y a qu'une difficulté plus ou moins grande d'équilibre, puisque,
cette difficulté vaincue, la bouche devient belle, l'appui léger et sûr.
Il faut dire maintenant que si les principes de Baucher suffisent à tout, s'ils peuvent se renfermer dans une vingtaine de lignes,
leur application demande une exécution et un tact qui ne s'acquièrent qu'après un travail persévérant et méthodique.
Les principes qui forment la base de son système sont en petit nombre, mais leur apllication exige une pratique prolongée que nul
volume ne pourrait remplacer. On n'apprend pas plus l'équitation dans un livre qu'un instrument de musique.
Ces principes se renfermeraient facilement dans quelques pages; mais ces quelques pages ne feront jamais un écuyer.